Qui est Anne Colas Pépin, la célèbre signare de Gorée et ancienne propriétaire de l’actuelle Maison des Esclaves ? Découvrez l’histoire de cette puissante femme de l’époque coloniale
⭐Une signare réputée sur l’île de Gorée
Lorsque l’on évoque aujourd’hui Anne Colas Pépin, c’est toute l’histoire de l’île de Gorée qui refait surface. Considérée comme l’une des plus célèbres signares du Sénégal, elle est souvent décrite comme une femme d’une rare beauté, influente et respectée, ayant marqué la société coloniale par sa fortune et son statut. Rappelons que les Signares sont des jeunes femmes noires ou métisses à la sociabilité spécifique, qui ont vécu dans les comptoirs coloniaux de Gorée et de Saint-Louis du Sénégal. Nous précisons qu’il faut bien distinguer Anne Colas Pépin et Anne Pépin sa tante, soeur de Nicolas Pépin.

⭐Héritière d’une famille de pouvoir
Fille de Nicolas Pépin, décrit selon certains historiens comme le fondateur de l’actuelle maison des esclaves , Anna Colas Pépin s’inscrit dans la continuité d’une dynastie féminine métisse au cœur de la société coloniale du XIXᵉ siècle. Ces femmes signares, formaient une aristocratie locale issue de l’union entre commerçants européens et femmes africaines libres. Elles possédaient des biens, négociaient avec les autorités et tenaient un rôle de premier plan dans la vie économique et sociale de Gorée et de Saint-Louis.
Anna Colas Pépin fut l’une des représentantes les plus marquantes de ce groupe. Dotée d’une solide éducation et d’un sens aigu de la diplomatie, elle servit d’intermédiaire entre les autorités françaises et la population métisse de l’île.

⭐La Maison des esclaves : symbole d’un héritage mondial
Anne Colas Pépin avait la particularité d’habiter dans l’actuelle maison des esclaves de Gorée, appartenant à la fin du XVIIIᵉ siècle par son père selon certains récits (d’autres mentionnent la construction de la maison par les hollandais). Cette maison de style méditerranéen, reconnaissable à son double escalier symétrique, faisait partie de la vingtaine d’esclaveries et maison de commerce de l’île.
C’est dans ce lieu qu’en 1842, Anna Colas Pépin reçut le prince de Joinville lors de sa visite officielle à Gorée. Une gouache du peintre Étienne Adolphe d’Hastrel de Rivedoux, datée de 1839 et conservée à la Bibliothèque nationale de France, montre cette maison avec la famille Pépin en premier plan.

Cette maison apparait aujourd’hui comme un haut lieu de mémoire, qualifiée par l’ONU comme « centre historique du commerce triangulaire ». Emplie d’une symbolique profonde, la Maison des Esclaves en devient un pôle incontournable du tourisme mémoriel, porté par la célèbre porte du voyage sans retour. Le site accueille quotidiennement près de 500 visiteurs par jour, l’un des plus visité au Sénégal.
Anne Colas Pépin a aussi été immortalisée par le peintre Édouard Auguste Nousveaux dans la toile Le prince de Joinville assistant à une danse dans l’île de Gorée (1843), conservée au château de Versailles, où elle figure aux côtés du prince de Joinville, fils du roi Louis-Philippe Ier.

Si les historiens ne sont pas tous d’accord sur l’histoire de la maison des esclaves, et sur son rôle dans la traite négrière, elle est un symbole fort de mémoire pour les millions d’hommes, femmes et enfants déportés et arrachés à leur terre, du Sénégal et d’ailleurs. Rappelons qu’environ 20 millions de victimes ont été déportés des côtes africaines, de la Mauritanie à l’Angola.
⭐Tout savoir sur la maison des esclaves et l’île de Gorée



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